Top priorité : promouvoir l’apprentissage de la paix pour tous !

Comment apprendre à pacifier sa relation à soi, à l’autre et au monde

Nous évoluons dans un monde où les violences sont omniprésentes et s’expriment de différentes manières plus ou moins manifestes. La société a donc organisé un ensemble de règles et de structures (lois, police, justice, ministères – de la défense ou de la guerre – prisons, etc.) pour tenter de canaliser ces violences ou de les contenir le plus souvent en aval. Ne serait-il pas pertinent également d’encourager et de privilégier l’apprentissage de la paix en amont ?

Pourquoi est-il urgent de parler d’apprentissage de la paix ?

La violence est multiforme. Il ne s’agit pas seulement des actes sanglants tels que guerres et attentats, et toutes les formes de coups et blessures. Il s’agit aussi de la violence en col blanc, la violence subtile c’est à dire non immédiatement décelable et couverte par les habitudes, l’ignorance et le déni. Elle se glisse dans nos automatismes quotidiens  notamment dans notre habitude de vivre les relations humaines comme des rapports de force (domination-soumission-agression-démission-manipulation-séduction…) et les réflexes pavloviens qui en découlent : depuis la VEO (Violence Educative Ordinaire) à l’égard des enfants dans les familles et les système scolaires jusqu’au climat de nombreux milieux de travail ( entreprise, administrations, médias, hôpitaux,…).

Les violences sont une épidémie. C’est pourquoi l’apprentissage de la paix est aujourd’hui un enjeu tant de santé que de sécurité publiques.

Les réponses actuelles apportées par les gouvernements à la violence sont sans doute nécessaires mais de loin pas suffisantes. Les plans de vigilance anti-terroriste, le renforcement des contrôles d’identité, les blocs anti-bélier qui ornent désormais les espaces publics et les patrouilles militaires n’apportent aucune réponse satisfaisante à l’urgente question, qui devient de plus en plus cruciale au fur et à mesure des exils et migrations que nous commençons à connaître : comment, quand et où apprenons nous à cohabiter pacifiquement entre cultures différentes, au-delà des codes et des modes de vie, en ayant commencé par connaître et pacifier ce premier espace d’humanité que nous sommes nous-même ?

Aujourd’hui nous avons besoin de renverser les perspectives, de procéder à une révolution dans le sens le plus littéral du terme : les signes extérieurs de la violence, auxquels nous sommes chaque jour confrontés rien qu’en visionnant le journal télévisé, sont souvent liés à une violence intérieure, rarement identifiée. En effet la violence découle le plus souvent de frustrations individuelles profondes et du mal-être qui en découle – Les être épanouis, qui se sentent assez aimés et aimants pour développer leur potentiel et le mettre au service de la collectivité sont rarement violents – Ainsi, le fait d’agir en priorité sur l’apprentissage de la paix intérieure est certainement un moyen efficace  de permettre au citoyen de savoir comment gérer ses émotions et frustrations inévitables, et comment transformer le mal-être-individuel en bien-être-ensemble

Comment faire connaître et promouvoir les clés et processus qui permettent de développer une intériorité citoyenne propice à la paix commune ?

L’école et la famille ont un rôle majeur à jouer pour permettre aux individus d’apprendre à s’exprimer et à agir sans violence. Les neurosciences nous prouvent aujourd’hui qu’un climat d’amour et d’empathie est fondamental pour permettre le développement du cerveau vers l’empathie, le partage et la collaboration ; et qu’à l’inverse un climat de compétition, de lutte, de solitude et de peur peut entraîner des déficiences dans les connections neuronales qui gèrent le vivre-ensemble. Fort de ces découvertes récentes, nous voyons bien que la connaissance de soi ne relève plus du développement dit personnel, c’est un enjeu d’utilité publique. Et chacun de nous peut là où il est et avec les moyens qu’il a – mêmes menus – contribuer à encourager une éducation (et des rapports humains) basée sur l’écoute, la confiance, la collaboration, la synergie, le partage, l’intelligence collective…

L’apprentissage de la paix est un processus comme un autre, qui demande autant d’efforts et d’implication que celui des mathématiques, du foot ou de la zumba. La paix est une discipline, comme la guerre ! Rien de bisounours.  On sait faire la guerre parce qu’on l’apprend, on sait faire la paix si on l’apprend.

Chaque citoyen peut aller « secouer » chaleureusement les responsables de tout niveau qu’il côtoie pour contribuer à faire passer ce double message :

  1. la paix ça s’apprend comme les maths ou le foot,
  2. des outils très pertinents existent depuis longtemps qu’il est temps de faire connaître au grand public.

Le fait de se maintenir en état de paix intérieure (la pacific-action de soi), en dépit des difficultés, des tensions ou des épreuves de la vie, permet de procéder à une transformation personnelle pacifiante, qui facilite à son tour la pacification durable de la société : un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant.

C’est ce que Thomas d’Ansembourg a notamment appelé l’ « intériorité citoyenne », dont nous avons parlé plus en détail le mois dernier. Le fait de soigner son intériorité, sa relation à soi, permet de développer un échange plus serein et fécond avec le groupe, privilégiant ainsi l’émergence d’une paix véritablement durable.

3 outils pratiques pour faciliter l’apprentissage de la paix

Des centaines d’outils pratiques existent pour apprendre à « faire la paix » avec soi et avec les autres, bien souvent méconnus.  Parmi ceux-ci :   

  • La Pleine Conscience (Mindfulness) : cette discipline passe par la méditation pour favoriser les comportements prosociaux, l’altruisme, le bien-être et la compassion. Elle s’est énormément développée sous l’impulsion du Dalaï-Lama et de nombreuses études ont prouvé qu’elle contribuait à réduire le niveau de stress et d’anxiété tout en favorisant le calme, l’estime de soi et en augmentant même la longévité !
  • La Communication NonViolente : la CNV a fait l’objet d’un article détaillé le mois dernier, que nous vous encourageons à lire si vous souhaitez approfondir la question.
  • La bienveillance (compassion) : il s’agit là de l’attitude ou du regard bienveillant que l’on porte sur les problèmes rencontrés par autrui. Karen Armstrong, chercheuse britannique, a lancé en 2009 une Charte de la Compassion afin d’en faire « une force dynamique et lumineuse » pour « transcender l’égoïsme […] et faire tomber les barrières politiques, idéologiques, dogmatiques et religieuses. »

Apprendre à se pacifier : lisez le livre de Thomas d’Ansembourg et David Van Reybrouck

Thomas d’Ansembourg et David Van Reybrouck ont co-écrit en 2016 le livre La Paix ça s’apprend, paru aux Editions Actes Sud à la suite des attentats tragiques du Bataclan à Paris. Cet ouvrage donne des clés incontournables sur l’apprentissage de la paix et les outils disponibles à ce jour. Il souhaite contribuer à sensibiliser les individus mais également les sphères politiques à un développement personnel profond, facilitant l’émergence d’un développement social durable.

Thomas d’Ansembourg